Pompier volontaire et superviseur : Keven Gagné sauve une vie
Le 1er juillet dernier, d’importantes quantités de pluie se sont déversées sur la région en à peine quelques heures. Cette crue soudaine entraîna un glissement de terrain qui emporta une partie de la rue Notre-Dame à Rivière-Éternité. Trois personnes manquaient alors à l’appel. Ce jour-là, les pompiers de la Régie intermunicipale de sécurité incendie du Fjord (RISIF) Keven Gagné, superviseur de production à l’Usine Laterrière, et son partenaire Frédéric Thibault, ont bravé les éléments pour venir en aide aux victimes.
Le triste événement a causé la mort de deux personnes. Jean-Philippe Caty, un résident de Québec, lui, doit la vie aux deux pompiers qui n’ont reculé devant rien pour l’extirper des eaux. Les deux fémurs fracturés, l’homme était prisonnier de la rivière.
« C’est l’instinct qui nous a guidés et nous a incités à continuer […]. On ne savait pas s’il y avait des personnes qui étaient encore sur place. Nous avons bien fait d’y aller parce que c’est ce qui fait que Jean-Philippe est encore en vie aujourd’hui », exprime Keven Gagné, pompier volontaire depuis 2008, un métier qui le passionne.
Déjà, l’été 2023, avait laissé les pompiers de la caserne de Saint-Félix-d’Otis sur le qui-vive, les appels ayant pratiquement doublé en raison des feux de forêt de Ferland-Boilleau, puis de Rivière-Éternité. Rien ne laissait toutefois présager que ce samedi de juillet transformerait en opération de sauvetage extrême.
À deux reprises, Keven Gagné et Frédéric Thibault ont pensé rebrousser chemin, la part d’inconnu étant trop grande et le danger, partout.
« On prend de super bonnes décisions, mais c’est certain de l’adrénaline teinte ce qu’on pense à ce moment-là ».
Père de deux enfants de 8 et 5 ans, Keven Gagné mesure aujourd’hui l’ampleur de la situation d’urgence à laquelle son partenaire ont été confrontés.
Quand on se frotte à de gros événements comme ça, il faut beaucoup de sang froid. Il y avait une grosse part d’inconnu. On côtoyait des personnes blessées, d’autres en état de choc, des disparues et d’autres décédées. La position dans laquelle nous nous sommes retrouvés était elle aussi risquée. Même si nous calculons le facteur de risque, il reste que nous aussi, on se met en danger ».
Ce n’est que deux semaines après l’événement, lorsque la poussière s’est mise à retomber, que Keven Gagné a commencé à repasser le fil des événements, en pensant à ce qu’il aurait pu faire autrement, mesurant à quel point les dangers étaient grands. Un processus qui, naturellement, lui a permis d’assimiler ce qu’il avait vécu ce jour-là.
« J’ai le sentiment du devoir accompli. Mon objectif comme pompier externe, c’était de sauver une vie un jour. Si je devais quitter le service aujourd’hui, je partirais la tête haute en sachant que je suis allé jusqu’au bout. »
Les pompiers Keven Gagné et Frédéric Thibault ont gardé contact avec Jean-Philippe Caty qui n’aurait pu survivre sans leur intervention.
« Toutes les semaines, on s’échange des textos pour prendre des nouvelles. Jean-Philippe nous a d’ailleurs invités à aller le visiter, lui et son entourage, à Québec. C’est une étape pour se libérer de tout ça, pour lui, comme pour nous. »
Conjuguer travail et passion
Responsable de la brigade de l’Usine Laterrière, au niveau des pompiers usine, Keven Gagné est reconnaissant que Rio Tinto lui permette d’aider les citoyens et de vivre sa passion.
« Je remercie la compagnie qui nous permet de m’épanouir ailleurs qu’à la job et avec qui il n’y a jamais eu d’ambiguïté. Autant les superviseurs que les collègues, tout le monde partage la fierté de ce que j’ai accompli. Ce sont des choses que je ramène à l’usine et que je suis capable de faire comprendre aux autres. C’est un feedback qu’ils apprécient et qui nous permet de grandir tout le monde ensemble », conclut Keven Gagné qui se souviendra encore longtemps de cet événement marquant.