Monique Authier : chimiste de renommée internationale
Au tournant des années 80, Monique Authier, chimiste de formation, rêvait de s’installer dans la région du Saguenay – Lac-Saint-Jean où elle et son époux, Jean-Pierre Martin, entrevoyaient la possibilité de concilier leurs aspirations professionnelles et leur amour du plein air. Celle qui, à l’époque, souhaitait « tester le milieu industriel » y aura finalement mené une carrière scientifique fructueuse durant 25 ans.
Experte internationale en chimie de la bauxite, le parcours professionnel de Monique Authier a de quoi retenir l’attention. Détentrice d’un doctorat en chimie sur la cristallographie de complexes monocristallins de bases de l’ADN avec le mercure et post-doctorante en chimie-physique sur la fluorescence de monocristaux dopés, elle a œuvré au sein des laboratoires de Vaudreuil, du Centre de R&D Alcan de Kingston (Ontario) et du Centre de recherche et développement Arvida (CRDA).
Au terme de sa carrière, en 2007, Mme Authier agissait comme directrice du groupe de R&D en Bauxite et Alumine au sein du CoDir du CRDA, fonction qu’elle a occupée durant huit années.
« Le milieu industriel m’a permis de relever de nombreux défis et m’a donné l’opportunité de me dépasser moi-même. À maintes reprises, j’ai eu l’occasion de sortir de ma zone de confort comme chimiste, » exprime-t-elle humblement.
L’expertise de Monique Authier a rayonné à l’échelle internationale, alors que la scientifique a eu l’occasion de présenter une partie des travaux qu’elle a réalisés à la communauté scientifique du monde entier, un exploit dont elle mesure mieux l’ampleur aujourd’hui.
« Au sein du milieu dans lequel j’œuvrais, ce qui était attendu de moi, c’était que je sois une experte dans mon domaine. Rédiger et publier des articles scientifiques, participer à des conférences, c’était la norme. Avec du recul, je saisis que j’ai mené une carrière scientifique fructueuse dont je peux être fière. »
Durant la décennie 90, Monique Authier était une des rares femmes scientifiques à œuvrer dans un domaine traditionnellement masculin. Elle se souvient de la notion de performance qui était omniprésente pour toute la main-d’œuvre qui l’entourait, mais la pression était plus intense pour les femmes en milieu non traditionnel, avec peu ou pas de place à l’erreur, même en apprentissage.
« À l’époque, dès que l’on choisissait un domaine comme celui des sciences, les femmes étaient peu nombreuses. Cette présence s’effritait encore davantage quand je me retrouvais sur la scène mondiale où être une femme francophone était un double défi », confie-t-elle.
Tout au long de son parcours, Monique Authier a su naviguer à travers les différentes fonctions qu’elle a occupées avec une grande polyvalence, prônant la concertation et l’écoute des autres.
« Pour moi, qu’il s’agisse de clients, de collègues ou d’employés, entretenir de bonnes relations interpersonnelles était essentiel. J’ai côtoyé des personnes issues de différents domaines, beaucoup d’ingénieurs entre autres, et cela teintait notre façon d’aborder les problématiques. Dans le milieu industriel, c’est important de se bâtir un réseau de contacts. On ne peut pas tout savoir et comme les problèmes reviennent de façon cyclique, au fil des années, j’en suis moi-même venue à faire partie du réseau de la relève », raconte la chimiste.
Allier science et philanthropie
Tout au long de sa carrière, Monique Authier a eu l’occasion de rencontrer des étudiants qui s’intéressaient de près et de loin au domaine des sciences. Par moment, elle était étonnée de constater l’ambivalence de ces derniers à l’idée de poursuivre leurs études dans ce domaine fascinant, en particulier chez des étudiantes visiblement douées.
« Beaucoup d’étudiants qui performaient très bien en sciences me disaient que le domaine science et technologie, c’était trop difficile. Soutenir financièrement les étudiants pour qu’ils puissent se concentrer sur leurs études et obtenir leur diplôme rapidement, c’était une des volontés que nous avions mon mari et moi. »
En 2012, en hommage à son défunt mari, lui-même ex-employé du CRDA et 1er directeur du CNRC-CTA, Mme Authier a créé le Fonds Jean-Pierre-Martin en sciences et génie à l’UQAC, avec deux bourses annuelles pour des étudiants en situation financière précaire.
Trois ans plus tard, elle et son ancien collègue Sébastien Fortin ont mis sur pied le Fonds de bourses André Beauchamp en chimie à l’Université de Montréal (UdeM) en reconnaissance de l’excellence pédagogique de ce professeur émérite et, par le fait même, en hommage à leur directeur de thèse. Puis, en 2021, le Fonds de bourses Monique Authier en chimie à l’UdeM a vu le jour, avec une bourse annuelle qui vise à soutenir financièrement un étudiant dans le besoin. .
Il va sans dire que Monique Authier a laissé sa marque au CRDA comme dans son domaine de prédilection : la chimie de la bauxite. Aujourd’hui, Monique laisse derrière elle trois fonds de bourses, alliant science et philanthropie, afin d’apporter un soutien pérenne à la relève scientifique et d’encourager la persévérance étudiante.
-30-